Programmes internationaux
En cohérence avec ses priorités stratégiques, INRAE participe à plusieurs programmes internationaux émanant de divers horizons (gouvernements, organismes de recherche, agences de financement et scientifiques). Ces programmes sont structurés autour des questions scientifiques prioritaires pour répondre à des défis sociétaux qui dépassent les frontières nationales : la sécurité alimentaire et nutritionnelle, le changement climatique, la biodiversité, la santé humaine et animale…L’Union européenne contribue financièrement à ces initiatives et à leur déploiement à travers le programme cadre de recherche.
Le Bassin méditerranéen
L’espace circumméditerranéen est fragilisé par les tensions particulièrement vives auxquelles sont soumis ses systèmes alimentaires, qui mettent en danger l’équilibre de toute la zone, incluant une partie de l’Europe. Les recherches d’INRAE montrent un tropisme historique pour la zone méditerranéenne, et représentent près d’une publication de l’Institut sur six. Les partenariats concernent principalement le Maghreb mais s’étendent progressivement, notamment sous l’impulsion des ERA-Nets dédiés coordonnés par INRAE en collaboration avec le Cirad (ARIMNet 1 et 2, 2008-2017). Dans ce contexte, PRIMA (Partnership for Research and Innovation in the Mediteranean Area), centrée sur la sécurité alimentaire et la disponibilité en eau, est une initiative prévue sur 10 ans (2018-2028). Cofinancée par la Commission européenne et par les pays participants, elle regroupe 19 pays de l’UE et du pourtour méditerranéen : l’Algérie, l’Allemagne, la Croatie, Chypre, l’Egypte, l’Espagne, la France, la Grèce, Israël, l’Italie, la Jordanie, le Liban, le Luxembourg, Malte, le Maroc, le Portugal, la Slovénie, la Tunisie et la Turquie.
INRAE est impliqué dans une dizaine de projets financés dans le cadre du premier appel PRIMA en 2018. Les thématiques des projets déposés sont variées : biodiversité, systèmes agropastoraux, durabilité, sols, climat, biotechnologie, systèmes alimentaires méditerranéens, etc. Le représentant d’INRAE au sein du groupe miroir français est Hugo de Vries, Directeur scientifique adjoint Alimentation et Bioéconomie, porteur du futur PPI Méditerranée d’INRAE.
GODAN (Global open Data for Agriculture and Nutrition)
Créé en 2013 lors de la Conférence internationale sur l’agriculture du G8, GODAN promeut l’open-data en agriculture pour relever les défis de la sécurité alimentaire mondiale. Il s’agit, entre autres, des données relatives à la géologie, à la surveillance satellitaire, aux effets météorologiques sur les rendements agricoles, aux infestions de nuisibles sur les cultures… Son financement est assuré par les contributions des partenaires et des donateurs : ressources financière et en nature.
INRAE a participé au premier sommet organisé par Godan, auquel il adhère depuis 2014. L’Institut est impliqué dans plusieurs groupes de travail de Godan dont un sur les infrastructures de données et un projet sur la construction d’un thésaurus documentaire faisant converger les 3 thésaurus de référence actuels (Agrovoc FAO, National Agricultural Library et CABI).
Wheat Initiative
La « Wheat Initiative » a été établie en 2011 et est inscrite dans le plan d’action des ministres de l’agriculture du G20 sur la volatilité des prix agricoles et sur l’agriculture. Elle regroupe aujourd’hui 16 pays, 2 organismes de recherche internationaux et 9 entreprises de sélection privées. La Wheat Initiative a pour objectifs de coordonner les efforts de recherche internationaux sur le blé. Elle favorise la communication entre la monde de la recherche, les bailleurs de fonds et les décideurs politiques mondiaux et vise à assurer des investissements efficaces et à long terme pour atteindre les objectifs de recherche et de développement du blé. Son financement est assuré par la contribution de ses membres.
La coordination scientifique a été assurée par INRAE (Hélène Lucas) jusqu’en 2016.
GRA (Global Research Alliance on Agricultural Greenhouse Gases)
Créée en 2009, la « Global Research Alliance on Agricultural Greenhouse Gases » (GRA) comprend 40 pays. Bien qu’étant une organisation inter-gouvernementale, l’Alliance compte aussi parmi ses partenaires des organisations internationales comme la FAO, le CGIAR, World Agriculture Forum et des programmes internationaux (GODAN, FACCE-JPI). Sa gouvernance est assurée par un Conseil des membres. Cette Alliance mondiale de recherche a pour objectif de réduire les émissions de gaz à effet de serre du secteur agricole tout en favorisant le stockage de carbone dans les sols et la résilience des systèmes agricoles au changement climatique. Des groupes de recherche, déclinés en réseaux de recherche, ont été mis en place sur les thèmes comme le bétail, le riz paddy, les cultures.
INRAE participe à quatre des cinq groupes de travail. Le groupe sur les cycles du carbone et de l’azote est présidé par la France (Jean-François Soussana, INRAE) ; il évalue le potentiel de la modélisation pour estimer les émissions de gaz à effet de serre et guider les stratégies d’atténuation.
KIC Climat (Knowledge and Innovation Community – Climate)
INRAE est membre de la KIC Climat, la principale communauté d’innovation publique-privée sur le changement climatique en Europe (plus de 200 partenaires académiques et économiques à travers 12 pays européens). INRAE contribue principalement au pilier innovation de la KIC et co-coordonne une plateforme sur la bioéconomie, tout en participant activement à la plateforme sur l’eau et les sols. Un portefeuille de 15 projets avec une vingtaine de partenaires privés (Veolia, Astrium, Philips, Bayer, Suez Environnement, CIMV...) a été élaboré. Sur l’enjeu de l’agriculture intelligente face au climat, quatre services aux entreprises (technologies, impacts climatiques, réglementation, co-construction entre acteurs des filières) sont développés avec une priorité à l’élevage (lait, viande) et aux cultures pérennes (vigne, arbres fruitiers) dans un projet phare, coordonné avec l'Université de Wageningue - WUR aux Pays-Bas. Suzanne Reynders représente INRAE à la KIC Climat.
GACSA (Global Alliance for Climate-Smart Agriculture)
Hébergée à la FAO, GACSA est une alliance indépendante pour une agriculture intelligente et adaptative face au climat. Elle est gouvernée par ses membres, qui proviennent de tous les secteurs, à savoir les gouvernements, les organisations intergouvernementales, les organisations paysannes, les ONG, les groupes de la société civile, les instituts de recherche et le secteur privé dont les objectifs et les activités sont conformes à la vision et à la mission de GACSA. Son financement, pour la période 2015-2019, provient de multiples donateurs dont la Norvège, la Suisse et les États-Unis d'Amérique. Elle ne finance pas de projets de recherche. Etre membre permet de participer à des activités collaboratives avec d'autres membres, de partager l'information, les connaissances, l'expertise et les expériences par différents moyens pour alimenter la base de données GACSA et surtout de jouer un rôle d'influence notamment dans son pays.
Dans le cadre de ce programme, INRAE et le CIRAD ont développé Agrisource, une plateforme en ligne, ouverte et gratuite, pour fédérer une communauté d’acteurs autour du changement climatique. Agrisource intègre les avancées de différentes communautés de pratiques telles que la Climate-Smart Agriculture, l’agroécologie, ou encore les initiatives de séquestration du carbone comme le 4 pour mille (lire l'article).
AgMIP (Agricultural Model Intercomparison and Improvement project)
AgMIP est un réseau international axé sur les modélisations agricoles dans un contexte de risques agricoles grandissants au regard du changement climatique. Il regroupe à la fois les acteurs du secteur public et privé, à savoir les universités, les organismes de recherche, les organisations professionnelles agricoles, les gouvernements et les groupes de la société civile. AgMIP a pour ambition, entre autres, d’améliorer les modèles agricoles en fonction de leur inter-comparaison et de leur évaluation, tant dans les pays développés que les pays en développement. Il fonctionne par groupes de recherche et un maillage régional important (avec des équipes en Afrique, en Asie et en Amérique).
Le programme AGMIP implique des modèles américains et australiens (DSSAT, APSIM, CropSyst) mais aussi quelques modèles européens dont le modèle STICS développé à INRAE. En outre, INRAE co-dirige plusieurs programmes (concernant le blé, le maïs et les prairies). Jean-François Soussana, INRAE, co-préside le comité de pilotage du programme AgMIP dont l’équipe de direction est principalement composée de scientifiques de la Nasa, de l’USDA et de l’université de Floride (Cynthia Rosenzweig, Jerry Hatfield et Jim Jones).
Initiative 4 pour 1000, des Sols pour la sécurité alimentaire et le climat
L’initiative « 4 pour 1000 » sur les sols pour la sécurité alimentaire et le climat » a été lancée lors de la conférence des parties sur le changement climatique organisée à Paris en 2015. Elle ambitionne de mobiliser les chercheurs dans une démarche transdisciplinaire pour répondre aux enjeux conjoints du changement climatique, du carbone du sol, de la sécurité alimentaire et de la dégradation des terres. Il s’agit également de mobiliser d’autres savoirs (paysans) et d’associer d’autres acteurs que ceux de la recherche (ONG, Organisation paysannes). Enfin ces fronts de Science doivent nourrir les débats internationaux et ainsi participer à l’agenda international. Par ailleurs, 4 pour 1000 est en ligne avec les Objectifs du Développement Durable, notamment au regard du nexus « Dégradation des terres (ODD15) – Actions pour le Climat (ODD13) – Faim Zéro (ODD2) ». Elle développe également des collaborations de recherche avec la FAO dans le cadre du programme Livestock Environment Partnership (LEAP). Intégrée au plan d’actions Lima-Paris, cette initiative est soutenue par l’Union Européenne. Elle bénéfice de l’appui financier du Programme Cadre de Recherche Horizon 2020 via notamment pour la coordination de la coopération internationale sur la séquestration de carbone dans le sol (CIRCASA).
INRAE a publié en 2019 une étude, réalisée à la demande de l’Ademe et du ministère de l’Alimentation et de l'Agriculture, sur le potentiel de stockage de carbone dans les sols en France. En mobilisant une méthodologie originale, l’étude a pu évaluer ce potentiel et en estimer le coût de mise en œuvre région par région, au regard d’un objectif de 4 pour 1000. Lire l'article.
TEMPAG pour une agriculture durable en zones tempérées
TEMPAG est un réseau international, composé aujourd’hui de 10 membres et co-présidé aujourd’hui par INRAE et l’Université de Leeds. Il réalise des évaluations et donne un aperçu de l’état de la science autour des systèmes de production agricole durables dans les zones tempérées. Ses activités sont effectuées dans les domaines des systèmes de production agricole résilients à plusieurs niveaux spatiotemporels, de la gestion optimale des terres pour la production alimentaire et d'autres services écosystémiques, et de l’amélioration durable de la productivité alimentaire au niveau de la ferme et de l'entreprise.
Projet international SWOT (Science Team 2020-2023)
Le satellite SWOT (Surface Water and Ocean Topography) sera lancé en 2021 dans le cadre d’une mission franco-américaine CNES-NASA, soutenue également en partie par les agences du Royaume-Uni et du Canada, avec un budget global d’environ 1 milliard de dollars. Ce satellite est présenté comme révolutionnaire car il devrait permettre une couverture presque complète du globe (sauf les pôles), pour la partie océan et ce à des échelles fines (« méso échelle »), mais aussi et surtout, pour les parties continentales, fleuves et lacs. Tous les fleuves de plus de 50 ou 100 m de large seront étudiés, ainsi que tous les lacs de plus de 250m x 250m. Actuellement une base de données est préparée avec 350 000 biefs de fleuves (chaque bief mesure de quelques km à 10 km max environ) qui seront observés et renseignés dans le cadre de cette mission.
INRAE (UMR G-EAU, Montpellier) fait partie de l’équipe scientifique internationale du projet depuis 2014 et travaille essentiellement sur la reconstitution des débits des fleuves à partir de données que fournira le satellite. Les chercheurs testent actuellement leur algorithme sur une quarantaine de fleuves dans le monde. Le Congo a été retenu comme un fleuve particulièrement intéressant du fait de sa taille, de ses enjeux, de sa nature internationale transfrontalière, etc. Des activités ont été menées avec un consortium OIEau, AFD, CNES, IRD, INRAE, CNR, BRL autour de la CICOS (Commission Internationale du Bassin Congo-Oubangui-Sangha). Ces travaux sont reconnus par la communauté internationale, avec de nombreuses publications récentes sur ce sujet.